« Vous n’allez jamais guérir”. Peut-être avez-vous reçu directement cette sentence de votre médecin, ou peut-être l’avez-vous reçue après avoir épuisé toutes les options de traitement. Quelle que soit votre situation, il est important de comprendre que le fait d’être atteint d’une maladie incurable peut engendrer de nombreuses émotions et réflexions différentes. Parfois, il existe encore des traitements palliatifs axés sur la maladie qui peuvent vous permettre de vivre de nombreuses années avec la maladie, tandis que dans d’autres cas, votre espérance de vie peut être très limitée.
Dans les deux situations, vous êtes confronté à votre propre finitude. Toutes vos certitudes sont ébranlées. Une partie de votre vie ne pourra pas se dérouler comme vous l’aviez prévu. Pour faire face à cette “perte d’avenir”, vous devez traverser un processus de deuil :
Vous pouvez en apprendre davantage sur ces trois phases du processus appelé “coping” et obtenir des conseils pour faire face à chacune dans la section “Diagnostic”.
Il est important de noter qu’il existe des différences significatives entre le fait d’apprendre que vous avez le cancer (mais avec espoir de guérison) et le fait d’apprendre que vous ne guérirez jamais :
Il est naturel d’éprouver une certaine résistance à annoncer à ses (petits) enfants que l’on est en train de mourir. Pourtant, il y a d’importantes raisons de le faire immédiatement : votre enfant a le temps de s’y habituer et pourra vous dire au revoir plus consciemment. Il profitera davantage du temps passé avec vous et aura le temps de vous parler de la mort. Les enfants qui sont informés rapidement et ouvertement de la gravité de la situation développent moins d’anxiété et de problèmes par la suite. De plus, les enfants sont flexibles et résilients.
Quelques conseils :
Lorsqu’on regarde la mort en face, il est tout à fait logique de faire le point sur sa vie. Vous vous posez alors des questions existentielles sur le sens de l’existence, la vie et la mort,… Alors qu’avant vous étiez trop occupé à vivre, maintenant ces questions tournent sans cesse dans votre tête :
Personne n’a de réponses toutes faites à ces questions, mais il est bon de partager vos réflexions avec d’autres personnes comme votre partenaire, vos enfants, un ami, un membre de la famille ou avec d’autres personnes qui vivent la même situation.
Vous ruminez trop ou l’anxiété devient trop importante ?
La différence entre le diagnostic “Vous avez un cancer” et le verdict “Votre maladie est incurable” est très importante. Dans ce deuxième cas, vous ne pouvez plus (ou plus longtemps) vous concentrer sur le processus de guérison. Vous ne pouvez plus puiser d’espoir dans les traitements curatifs et les chances de survie estimées pour votre cancer. Au lieu de cela, vous devez affronter la mort, à court ou moyen terme. Vous devez faire le deuil de l’avenir que vous aviez imaginé et redéfinir votre vie.
Nous vous proposons ici quelques idées pour réorganiser votre vie. Mais rappelez-vous surtout : rien n’est obligatoire, tout est permis.
Trouver le juste milieu entre “prolonger la vie” et “garder une qualité de vie” est très personnel. Vous pouvez poser à votre médecin les questions suivantes :
Régler vos affaires selon vos souhaits peut être extrêmement apaisant. N’attendez pas d’être vraiment affaibli pour le faire.
Vos finances et autres questions pratiques
Vos funérailles
Demandez-vous si vous avez encore envie d’être actif. Avez-vous encore envie de faire des voyages ? Vous adonner à un hobby ? Avez-vous encore envie de voir des gens et de leur parler ? À qui voulez-vous dire au revoir en toute connaissance de cause ? À qui voulez-vous offrir un souvenir de vous ? C’est vous qui décidez, ne vous laissez pas convaincre par quelqu’un d’autre. Économisez votre énergie.
Certains se demandent comment ils peuvent encore donner un sens à la courte vie qui leur reste. Si c’est votre cas, cherchez à savoir où vous puisez encore du réconfort, de la force et de l’inspiration :
Il est possible que vous vous demandiez comment être encore utile aux autres alors que vous vous sentez de plus en plus limité physiquement. Pourtant, de petits gestes peuvent suffire à faire la différence auprès de ceux que vous aimez. Avez-vous des recettes de famille secrètes ? C’est peut-être le moment de les partager ?
Les soins palliatifs sont un travail d’équipe entre les soignants informels (aidants naturels) et les soignants professionnels (vos soignants de confiance ou des soignants spécialisés dans les soins palliatifs).
Pour les soins palliatifs, vous pouvez vous rendre :
Par l’intermédiaire de votre médecin, vous pouvez demander le « statut palliatif » qui vous sera accordé si vous remplissez certaines conditions. Ce statut vous donne droit à un certain nombre d’allocations financières.
Il existe également des possibilités pour ceux qui souhaitent vous accompagner dans vos derniers jours :
Vous voulez en savoir plus ?
La sédation palliative consiste à vous administrer des médicaments qui diminuent votre état de conscience afin de soulager des douleurs, une confusion et une détresse respiratoire incontrôlables dans votre dernière phase de vie. Cela n’est permis que sous certaines conditions. Par exemple, votre fin de vie doit être très proche et vos symptômes ne doivent plus pouvoir être traités d’aucune autre manière. Le médecin n’applique pas la sédation sans vous consulter, ni sans votre consentement et/ou celui de vos proches.
Il existe différents types de sédation palliative :
Certaines personnes pensent qu’il s’agit d’une forme lente d’euthanasie, mais ce n’est pas le cas. La sédation palliative n’accélère en aucune façon votre mort.
Depuis 2002, une loi a été votée en Belgique pour sortir l’euthanasie de la sphère pénale sous certaines conditions. Deux possibilités s’offrent à vous :
De plus amples explications basées sur la législation la plus récente et les formulaires nécessaires sont disponibles sur le site web du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement.
Lorsque vous êtes atteint d’une maladie incurable, vous pouvez vous demander ce qu’il adviendra de votre héritage lorsque vous ne serez plus là. Le droit successoral belge désigne les héritiers lorsqu’une personne décède. L’ordre de succession est légalement déterminé. Si vous êtes d’accord avec cette réglementation, vous n’avez pas besoin de faire un testament. Si ce n’est pas le cas, un testament vous donne une certaine liberté pour y déroger.
Il vous permet de choisir librement qui inclure dans votre testament. Gardez toutefois à l’esprit qu’une partie de vos biens ira, de toute façon, à vos “héritiers réservataires” (héritiers légaux), par exemple votre conjoint et/ou vos enfants. C’est une obligation légale. Même si vous ne les mentionnez pas dans votre testament, les héritiers réservataires peuvent toujours réclamer leur part.
Pour rédiger un testament, vous devez suivre trois étapes.
Enfin, assurez-vous que votre testament ne se perde pas. Pour ce faire, demandez à votre notaire de conserver votre testament et de l’enregistrer auprès du Registre Central des Testaments (RCT). Ce registre consignera votre nom, le nom du notaire et la date d’enregistrement du testament, mais pas son contenu. Ainsi, après votre décès, il sera possible de le retrouver.
Comment annoncer aux autres que l'on ne peut pas guérir ?
Vous pouvez, bien sûr, dire vous-même aux autres que vous ne guérirez pas. Si cela vous semble difficile, vous pouvez également demander à un proche de le faire à votre place. Vous pouvez aussi le dire ensemble, avec votre partenaire. Vous avez plus facile de vous exprimer par écrit ? Dans ce cas, vous pouvez envoyer un email, tenir un blog ou créer un groupe WhatsApp. (Il est conseillé de désactiver les possibilités de commentaires ou de réactions.) Vous pourrez ainsi toucher de nombreuses personnes, sans avoir à raconter votre histoire à plusieurs reprises.
Toutes les réactions ne sont pas forcément réconfortantes. Par gêne, les gens réagissent parfois maladroitement. Ils vous disent que vous avez l’air en forme, qu’ils espèrent que le monde médical pourra finalement vous guérir, font de l’humour noir, racontent des histoires sur des personnes qui vivent la même chose… C’est humain, mais cela peut quand même vous faire vous sentir très seul. Si vous le souhaitez, essayez de leur suggérer une réponse qui vous serait plus utile.
Consultez « Comment partager un diagnostic à vos proches ? ».